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Le trouble panique

Imaginez que vous êtes au volant, allant au travail, que vous faites la queue pour payer vos achats d'épicerie ou que vous prenez l'ascenseur. Soudain, vous avez une sensation semblable à celle que vous auriez si votre voiture tombait en panne sur une voie ferrée et qu'un train de marchandises fonçait vers vous. Le cœur vous bat très fort, la poitrine vous fait mal, vous vous sentez étouffer. Autour de vous, tout s'embrouille, les images deviennent floues ou semblent irréelles. Vous croyez subir une crise cardiaque, mourir ou perdre contact avec la réalité.

Dans la crainte de perdre le contrôle de votre voiture, de faire une scène dans le magasin ou de commencer à hurler dans l'ascenseur, vous fuyez aussi rapidement que vous le pouvez. Après plusieurs minutes, la sensation de panique s'atténue. Vous vous calmez et vous vous demandez ce qui vient de vous arriver.

La crise de panique

Si vous êtes de ceux qui ont vécu au moins trois de ces épisodes troublants sur une période de trois semaines, il se peut que vous soyez parmi les 2 à 5 % de la population qui sont atteints d'un trouble de panique. L'épisode de terreur irrationnelle que nous venons de décrire s'appelle une crise de panique. Bien que les crises ne ressemblent pas toujours aux situations décrites plus haut, elles ont des caractéristiques semblables. Les crises de panique diffèrent de tout autre sensation d'angoisse.

Médicalement, une crise de panique doit inclure au moins quatre des symptômes suivants: sueurs; souffle court; palpitations; malaise thoracique; instabilité; sensation d'étouffement; picotement; bouffées de chaleur ou de froid; défaillance; tremblement; sentiment d'irréalité; crainte de perdre la maîtrise de soi, de mourir ou de devenir fou. Les crises se manifestent de façon très variable suivant les personnes. Ce que les crises de panique ont de curieux et de terrifiant, c'est qu'elles se produisent souvent dans un cadre familier ou dans une situation qui ne présente pas de danger réel. Il n'en demeure pas moins que la victime est prise de terreur, avec toutes ses manifestations physiques et psychologiques.

On a décrit les crises de panique comme un signal d'alarme déclenché par le corps sans raison valable - comme une fausse alarme. Lorsqu'un tel signal est déclenché en présence d'un danger réel, la réaction de terreur extrême peut être essentielle à la survie. Mais en état de crise de panique, la réaction de terreur se produit alors qu'il n'y a aucune raison de donner l'alarme.

L'évitement phobique: essayer d'empêcher de nouvelles crises

Normalement, les victimes du trouble de panique se rappellent tout (même les détails les plus insignifiants de leur première crise de panique, parce que la terreur physique et psychologique est écrasante). Bien que la crise ne dure normalement que quelques minutes, certaines personnes croient qu'elles sont victimes d'une crise cardiaque massive ou qu'elles perdent la raison. L'impulsion de fuir immédiatement ou de demander de l'aide pousse certaines victimes vers les services d'urgence des hôpitaux où elles insistent sur le fait qu'elles viennent d'avoir une crise cardiaque ou une attaque.

Les tests physiques ne révèlent habituellement rien et la victime peut se calmer et croire que la crise ne se reproduira pas. Une fois que les émotions suscitées par la première crise se sont apaisées, la personne peut continuer à vivre comme si rien n'était arrivé - jusqu'à la seconde crise.

La soudaineté et la violence des crises de panique amènent certaines victimes à commencer à éviter les situations où elles ont été atteintes de crise. Elles croient que peut-être l'autoroute ou l'ascenseur sont des endroits effrayants en eux-mêmes. Ou, elles se disent que dans l'éventualité d'une autre crise, au moins elles ne seront pas au volant, ni dans une foule, ni enfermées dans un train ou un avion où la fuite ou une aide appropriée seraient difficiles ou impossibles.

Dans la crainte d'avoir une crise et de perdre la maîtrise d'elles-mêmes les victimes évitent les activités et les endroits communs. Leur vie commence à se rétrécir. Cela s'appelle évitement phobique. Bien que ce soit là un résultat naturel de la crainte des crises de panique, c'est une façon malsaine et irrationnelle de vivre sa vie.

Craindre la peur

À défaut de détection et de traitement, le trouble de panique peut progresser et causer une détresse encore plus grande. La menace constante de ne pas savoir quand, ni où, une nouvelle crise va se produire peut provoquer une anxiété d'anticipation - c'est-à-dire la crainte constante d'autres crises de panique. La personne pourra constater qu'il ne lui suffit pas d'éviter les situations ou les endroits redoutés pour empêcher ce sentiment harcelant d'anxiété ou de peur.

Certains développent une complication grave connue sous le nom d'agoraphobie, qui signifie littéralement "crainte de la place publique". De nos jours, l'agoraphobie est la crainte de se trouver dans des lieux publics d'où il pourrait être difficile de fuir ou d'obtenir de l'aide et, bizarrement, la crainte de se trouver seul. Certains agoraphobiques ne sont pas sortis de chez eux depuis des années. D'autres ne le font qu'accompagnés d'une personne de confiance.

De cette façon, le trouble affecte également la famille et les amis. Certains cadres peuvent souffrir d'une forme peu commune d'agoraphobie, parfois appelée "confinement urbain". Ils peuvent voyager sur un parcours fixe de la maison au travail sans jamais en dévier. La perspective de sortir de la ville, pour les affaires ou le plaisir, provoque chez eux une telle angoisse qu'ils trouvent souvent des excuses pour l'éviter. En dépit des contraintes très sévères auxquelles s'astreignent ces personnes, les crises de panique peuvent persister.

Par essence, l'agoraphobie englobe de nombreuses phobies, parce qu'elle se manifeste par une crainte irrationnelle de nombreux objets et situations. Toutefois, la crainte essentielle est celle d'avoir une crise de panique et de perdre la maîtrise de soi. Les progrès dans le diagnostic, le traitement et la compréhension générale des phobies sont relativement récents. Définie en mots simples, une phobie est une crainte irrationnelle et involontaire qui est sans rapport avec la situation. À l'heure actuelle, l'American Psychiatric Association classe une catégorie de syndromes appelés troubles phobiques dans le champ plus étendu des troubles d'anxiété.

On diagnostique une phobie seulement après avoir éliminé la possibilité d'autres troubles psychiatriques graves. Les effets négatifs sur le mode de vie des phobies sociales (comme la crainte de parler en public) et les simples phobies (comme la peur des tunnels ou des chats) ne sont pas aussi accentués que dans le cas de l'agoraphobie.

Cependant, tous les troubles phobiques ont tendance à être chroniques, pénibles et contraignants puisqu'ils s'accompagnent d'un comportement d'évitement et de perturbations du mode de vie ordinaire.

Par exemple, une personne qui éprouve une crainte irrationnelle des hauteurs peut se tourmenter pendant des jours à l'idée d'un rendez-vous d'affaires ou social qui aura lieu à l'un des étages supérieurs d'un gratte-ciel, et finalement annuler son rendez-vous... Ainsi, même une simple phobie peut être débilitante.

Quelles sont les causes du trouble panique?

Jusqu'à récemment, l'on croyait que la racine du trouble de panique était d'ordre strictement psychologique. De nombreux psychiatres croyaient que les crises faisaient partie d'un état d'anxiété généralisé, selon lequel la personne était angoissée presque continuellement. La crise, alors, était simplement une manifestation intensifiée de cette anxiété chronique.

Selon la théorie psychanalytique traditionnelle, les crises étaient le résultat d'une anxiété accumulée, créée par des conflits inconscients, et qui avec le temps, devait se traduire en crise. De nos jours, les chercheurs se penchent non seulement sur le psychique mais sur tout l'organisme pour y trouver des indices permettant de débrouiller les mystères des crises de panique et du trouble panique. Cette affection semble se rencontrer dans certaines familles, et cela viendrait appuyer la théorie selon laquelle cette condition est déclenchée par des problèmes physiques, peut-être héréditaires.

Les conséquences peuvent être graves

Quelles qu'en soient les causes, les crises de panique, l'évitement phobique et l'anxiété d'anticipation peuvent avoir des conséquences graves s'ils ne sont pas traités. Les victimes de ce trouble sont plus susceptibles de dépression que la population en général, avec les complications qui cela implique. Dans leurs efforts désespérés pour réprimer les crises et sous l'effet de leur anxiété d'anticipation, certains abusent de l'alcool ou des médicaments. Certains acquièrent une dépendance pathologique. Ils sont incapables d'envisager les situations qu'ils craignent sans la présence constante de quelqu'un.

On estime qu'avec toutes ses complications, le trouble de panique coûte au Canada des millions de dollars par année en frais médicaux, prestations d'invalidité et salaires perdus. À mesure que ce trouble sera plus largement reconnu, étudié et traité, nous disposerons de données plus précises quant aux frais qu'il occasionne.

Manifestation du trouble

Le trouble de panique apparaît souvent quand la victime est au début de la vingtaine. La première crise peut se produire après une période de grande tension, par exemple la perte d'un être cher par décès ou séparation, la maladie, un accident ou un accouchement. Même après que la situation de stress a disparu, les crises de panique persistent.

Chez certaines personnes, aucun trauma susceptible de hâter la crise ne peut être identifié. La première crise peut se résumer à des symptômes purement physiques. La composante émotionnelle devient plus forte lors des crises suivantes. Il peut se produire des crises de panique qui n'ont aucun lien avec le trouble de panique. Ces crises peuvent être causées par un déséquilibre hormonal ou par l'usage de drogues interdites (comme la marijuana, la cocaïne ou les amphétamines). Avant de diagnostiquer un trouble de panique, il faut d'abord exclure ces autres causes.

Il semble que les femmes soient plus susceptibles de trouble de panique que les hommes, mais on ignore dans quelle proportion. Une importante étude conduite aux États-Unis il y a plusieurs années a révélé que 4,9% des femmes et 1,8% des hommes souffraient d'agoraphobie, de panique ou d'autres phobies. Selon d'autres estimations, le ratio des femmes atteintes par rapport aux hommes serait plus près de deux pour un. Selon de récents calculs, 1,3 million de Canadiens souffriraient de trouble de panique ou de phobies. Il est difficile d'établir des chiffres précis parce que les victimes cachent souvent leur état et que bon nombre de professionnels des soins de la santé tendent à l'ignorer.

En fait, le trouble de panique a été décrit comme l'un des grands imposteurs de la médecine parce qu'on peut facilement le confondre avec bon nombre d'autres problèmes médicaux ou psychiatriques. Ainsi, on l'a parfois confondu avec les maladies cardiaques, les problèmes respiratoires et même la schizophrénie. Les victimes consultent parfois plusieurs médecins sans résultat. Se sentant mal à l'aise et incomprises, et s'interrogeant sur leur santé mentale, certaines abandonnent tout espoir d'améliorer leur état.

On peut trouver de l'aide

Il existe maintenant des traitements innovateurs qui offrent l'espoir de soulager plus rapidement et plus efficacement les millions de personnes qui souffrent de troubles de panique. Tout traitement efficace commence par un bon diagnostic. Le simple fait d'identifier la maladie apporte un soulagement énorme à la personne qui craignait que l'on ne prenne son problème au sérieux. On a recours à divers types de thérapies du comportement, de médicaments ou l'association des deux.

L'une de ces techniques de thérapie du comportement a un certain nombre d'appellations, notamment exposition avec appui et désensibilisation hiérarchique. Selon cette thérapie, le patient, seul ou dans un groupe de phobiques, est graduellement exposé à la situation de phobie qu'il redoute excessivement. Il faut qu'au cours de ce processus il soit accompagné d'un thérapeute, d'un ancien phobique ou d'un membre de la famille formé pour l'occasion. Si une crise de panique se déclenche, le patient apprend à prendre du recul mental par rapport à l'angoisse et à la surmonter. Les techniques mentales peuvent inclure la répétition des phrases rassurantes comme "Quand la crainte survient, attends et laisse-la passer".

Les membres de la famille - en particulier si l'un d'eux joue le rôle du compagnon de phobie qui accompagne le patient partout - peuvent être formés lors d'une clinique d'anxiété/phobie en vue d'apporter leur aide au cours du processus d'exposition avec appui. Un parent attentif peut accepter l'anxiété du patient comme réelle et non pas imaginaire et l'aider à se sentir maître de la situation, un aspect essentiel du traitement des phobiques puisque plus la victime sent qu'elle maîtrise la situation, moins elle se sentira bloquée et angoissée. Des méthodes traditionnelles de psychothérapie peuvent également être utilisées.

L'étude du trouble de panique se poursuit

Les efforts de recherche actuels se concentrent sur des moyens plus efficaces de diagnostic, de traitement et de contrôle du trouble de panique; les grands centres médicaux, l'industrie pharmaceutique et le National Institute of Mental Health s'y emploient.

Les spécialistes désirent également trouver les réponses à des questions telles que:

  • Pourquoi les crises de panique se déclenchent-elles à certains moments plutôt qu'à d'autres?
  • Pourquoi le trouble disparaît-il de lui-même chez certains patients?
  • Quel rôle joue l'hérédité?
  • D'où viennent les différences apparentes entre les hommes et les femmes qui sont affectés de ce trouble?
  • Pourquoi la dépendance pathologique (l'impossibilité de faire face à une situation redoutée sans la présence constante de quelqu'un) est-elle une complication chez certaines victimes mais pas chez d'autres?
  • Quel est le rapport entre l'agoraphobie et le trouble de panique?

Les chercheurs tentent d'éclaircir les origines et les causes sous-jacentes du trouble de panique. Les théories sur les facteurs qui peuvent y contribuer sont nombreuses.

L'American Psychiatric Association indique dans son guide de diagnostic qu'une prédisposition au trouble de panique peut être l'angoisse de séparation de l'enfance (une angoisse excessive au sujet de la séparation de gens, d'endroits ou de choses auxquels l'enfant est attaché). Par contre, les théories biologiques avancent qu'il existe un défaut physique dans la régulation du système nerveux autonome. Les chercheurs ont édifié plusieurs théories différentes pour expliquer ce défaut. Selon l'une d'elles, les réactions d'angoisse anormales comme la panique proviennent d'une excitation excessive ou d'une hypersensibilité généralisée du système nerveux.

Selon une autre théorie, c'est le déséquilibre de certaines substances qui agissent sur le système nerveux qui cause les crises de panique; les cellules du cerveau des victimes du trouble de panique pourraient être anormalement sensibles à ces substances. La recherche s'oriente actuellement vers l'étude du rôle des récepteurs qui, sur les cellules cérébrales, fixent les agents anxiolytiques.

Enfin, on a montré que l'injection d'une solution de lactate de sodium dans le sang provoquait des crises de panique chez certaines personnes prédisposées. Les victimes du trouble de panique pourraient souffrir d'un désordre métabolique lié au lactate, substance normalement produite par les muscles au cours de l'exercice.

Il est possible qu'une combinaison des facteurs mentionnés cause un dérèglement du système nerveux. En fait, les chercheurs ignorent toujours si un mécanisme physique est à l'origine du trouble de panique. Cette question fait l'objet de recherche intense..

La présente brochure fait partie d'une série que publie The Upjohn Company à titre de service au public.

Symptômes corporels et psychologiques associés aux attaques de panique ou à de l'angoisse très élevée.

Impression qu'on va perdre l'équilibre

  • Étourdissements
  • Sensation d'instabilité en marchant
  • Sensation d'être abasourdi(e)

Difficulté à respirer

  • Sensation d'un manque d'air
  • Impression d'être en train de s'étouffer
  • Sensation de suffoquer
  • Hyperventilation (halètement)

Sensations dans la poitrine

  • Palpitations cardiaques
  • Impression que le cœur va s'arrêter de battre
  • Sentiment d'oppression dans la poitrine
  • Douleurs dans la poitrine

Engourdissements et picotements

  • Dans les doigts et les orteils
  • La bouche et les lèvres
  • Sur le dessus de la tête
  • Dans les bras et les jambes
  • Ailleurs

Sensations dans la gorge

  • Sensation de boule ou de "motton"
  • Difficulté à avaler

Sensations dans l'estomac

  • Crampes d'estomac
  • Sensation que le coeur me fait un demi-tour

Tension musculaire

  • Secousses
  • Tremblements
  • Fibrillation musculaire
  • Tendance à sursauter pour un rien

Dépersonnalisation

  • "Je sens que je n'habite plus mon corps"
  • "C'est comme si je me regardais moi-même de l'extérieur"

Déréalisation

  • Impression que tout est étrange
  • Les événements ou les choses se déroulent comme dans un film ou dans un rêve.

Sensation de catastrophe imminente

  • "J'avais l'impression de mourir"
  • "J'ai pensé perdre le contrôle de mes actes"
  • "J'ai pensé devenir fou (folle)"
  • "J'ai pensé m'évanouir et perdre connaissance"
  • "J'ai peur de me rendre ridicule en public"

Bouffées

  • Bouffées de chaleur
  • Bouffées de froid

Autres symptômes corporels

  • Sécheresse de la bouche
  • Mains froides
  • Transpiration
  • Nausées
  • Besoin fréquent d'uriner
  • Diarrhée:
    • avant une attaque
    • après une attaque
    • n'importe quand

Faiblesse et fatigue

  • Faiblesse dans les jambes
  • Faiblesse généralisée

Fatigue mentale

  • "Ma mémoire me joue des tours"
  • "Je me sens irritable"
  • "Tout bruit m'agace"
  • "J'ai de la difficulté à me concentrer"

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